Une majorité de citoyens en faveur du droit de vote des étrangers, selon un sondage ASTI

Dix ans après le référendum
En 2015, le Luxembourg s’est prononcé contre le droit de vote pour les Non-Luxembourgeois. Selon l’ASTI, une nouvelle édition du référendum en 2025 donnerait un résultat différent.
En 2015, 78% des votants étaient contre le fait d’octroyer le droit de vote aux étrangers. © PHOTO: Lex Kleren

Dix ans après le référendum de 2015, 66% des participants à un sondage en ligne se disent désormais favorables à l’introduction du droit de vote des étrangers aux élections législatives.

Parmi les 1.012 personnes interrogées, 574 avaient le droit de vote. Il s’agit de citoyens qui possèdent la nationalité luxembourgeoise ou la double nationalité. Parmi ces derniers, ils sont moins nombreux à être favorables au droit de vote des étrangers – mais toujours une nette majorité, à savoir 58%. 34% d’entre eux se sont prononcés contre.

L’enquête en ligne a été commandée par l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) à l’institut de sondage Ilres.

L’enquête, réalisée en avril 2024, a porté sur un total de 1.012 habitants. 41,7% d’entre eux avaient la nationalité luxembourgeoise, 11% possédaient une double nationalité et 11% des personnes interrogées étaient portugaises. Pour 33,7% des personnes interrogées, la nationalité n’a pas été indiquée. Il s’agit toutefois de Non-Luxembourgeois.

Sentiments mitigés concernant le droit de vote à partir de 16 ans

Par ailleurs, l’Ilres a interrogé, à la demande de l’ASTI, des électeurs et des Non-Luxembourgeois sur leur opinion concernant le droit de vote à partir de 16 ans. Le résultat est moins clair que pour le droit de vote des étrangers.

Au total, 46% des personnes interrogées se disent favorables à l’introduction du droit de vote à partir de 16 ans. 40% se sont prononcés contre dans le sondage et 12% sont indécis.

Un coup d’œil sur les résultats du sondage auprès des seuls 574 électeurs ne change pas non plus la donne. Chez eux aussi, 46% sont en faveur du droit de vote à partir de 16 ans, 43% sont contre et 9% sont indécis.

Quel était l’enjeu du référendum de 2015?

Le 7 juin 2015, le peuple luxembourgeois en âge de voter a été consulté par référendum sur trois propositions de réforme politique. L’une d’entre elles était le droit de vote des étrangers aux élections législatives. La condition pour cela aurait été de vivre dans le pays depuis au moins dix ans et d’avoir déjà voté lors d’une élection communale ou européenne. En outre, la population a été invitée à se prononcer sur l’abaissement de l’âge du droit de vote de 18 à 16 ans et sur l’instauration d’une limitation des mandats des membres du gouvernement.

La majorité des électeurs ont répondu par la négative à ces trois questions: 78% étaient contre le droit de vote des étrangers, 81% contre l’âge de vote à 16 ans et 70% contre la limitation des mandats des membres du gouvernement.

Une majorité des partis pour le droit de vote des étrangers, sauf l’ADR

L’Ilres donne également des détails sur les partisans les plus favorables au droit de vote des étrangers parmi les personnes interrogées. Selon l’institut de sondage, les électeurs de Déi Gréng se trouvent en première position avec 87%, suivis des Pirates avec 77% et de Déi Lénk qui complètent le podium avec 68%.

Les électeurs du CSV sont encore plus divisés. Seuls 55% ont déclaré soutenir le droit de vote des étrangers. En dernière position se trouvent les partisans de l’ADR. Seuls 22% d’entre eux ont déclaré vouloir faire voter les Non-Luxembourgeois aux élections législatives.

Discuter du droit de vote des étrangers «en gardant la tête froide»

Pour l’ASTI, c’est le bon moment pour remettre sur la table le sujet du droit de vote des étrangers. Non seulement parce que cela fait maintenant dix ans, mais aussi parce que les prochaines élections n’auront lieu qu’en 2028. «Nous pouvons enfin discuter de ce sujet en gardant la tête froide», estime entre autres l’ancien député des Verts et membre du conseil d’administration de l’ASTI, Charles Margue.

Après l’épreuve de la super année électorale, suivie d’une élection européenne en 2024, la politique dispose de suffisamment de calme pour réfléchir à une réforme de la loi électorale, a-t-il ajouté.

Julien Gannard, membre du conseil d’administration, Claire Geier, vice-présidente de l’ASTI, Sérgio Ferreira, porte-parole politique de l’association, et Charles Margue, membre du conseil d’administration, lors de la conférence de presse de lundi (de g. à dr.). © PHOTO: Florian Javel

Pour le porte-parole politique de l’association, Sérgio Ferreira, il est également temps de faire à nouveau du droit de vote des étrangers un sujet politique, a-t-il déclaré lors de la conférence de presse de l’ASTI lundi. «La situation démographique du pays a évolué et s’est diversifiée au cours des dernières années.»

Il a ajouté qu’il souhaitait tout autant discuter du sujet en laissant de côté l’aspect émotionnel. Tout comme l’enquête commandée par l’ASTI. Les réponses des personnes interrogées ont été recueillies «à froid», c’est-à-dire sans qu’il y ait eu au préalable une campagne d’information ou que le sujet ait été abordé en public.

Plus les gens participent à la démocratie, plus les décisions prises par les politiques sont qualitatives.

Sérgio Ferreira
Porte-parole politique de l’ASTI

Toutefois, il semble actuellement que ce soit bien plus la politique que l’opinion publique qui soit en cause et que le droit de vote des étrangers ne sera probablement pas une réalité d’ici les prochaines élections de la Chambre, estime M. Ferreira.

Les propositions actuelles des partis concernant la loi électorale sont «peu ambitieuses». Il n’y a pas non plus eu de propositions innovantes jusqu’à présent. Pour l’ASTI, il est important de continuer à souligner que «plus les gens participent à la démocratie, plus les décisions que prend la politique sont qualitatives».

Afin de relancer le débat sur le droit de vote à partir de 16 ans et pour les étrangers, l’ASTI prévoit d’organiser différents événements au cours des prochaines semaines, où les deux thèmes seront discutés avec les citoyens.