Des familles ukrainiennes prochainement installées à Esch-Raemerich

Virgule, 16 mars 2024

L’annonce a de quoi surprendre lorsque l’on sait que les habitations de la Cité de l’Espérance devaient être détruites. Une partie des riverains tombent des nues.

L’un des riverains dit avoir vu une rangée de nouveaux sanitaires à proximité des lotissements le mois dernier, preuve que des travaux sont en cours.
L’un des riverains dit avoir vu une rangée de nouveaux sanitaires à proximité des lotissements le mois dernier, preuve que des travaux sont en cours. © PHOTO: Virgule.lu

La nouvelle n’a laissé personne indifférent dans le quartier résidentiel de Raemerich situé à Esch-sur-Alzette, non loin de Belval et de la liaison de Micheville

Et pour cause, l’Office national de l’accueil (ONA), contactée par nos soins, confirme bel et bien l’arrivée prochaine d’«une centaine de bénéficiaires de protection temporaire (BPT) issus d’Ukraine». L’ONA précise toutefois ne pas être «encore en mesure de fournir de date précise quant à l’ouverture de la structure. Cela dépendra de l’avancée des travaux d’aménagement».

Ce qui est cependant certain, c’est que des vigiles sont postés par roulement dans la zone des bâtiments concerné à Raemerich, pour chasser d’éventuels squatteurs. «En effet, les travaux d’aménagement entrent dans leur dernière phase et les structures commencent à être équipées (mobilier etc.). Afin de garantir la sécurité et de prévenir toute sorte de détérioration, le site sera sous surveillance jusqu’à l’arrivée des bénéficiaires de protection temporaire (BPT) de même qu’après.»

Des réactions contrastées

Pour certains riverains, c’est un scandale. C’est du moins l’avis d’Azzura* et de son mari, tout comme celui de plusieurs voisins qui ont appris la nouvelle par le bouche à oreille cette semaine. «Toutes les familles de résidents avec moins de moyens qui vivaient à la cité de l’Espérance ont été forcées de déménager, et depuis 2020, c’est vide, car ils parlaient de démolir les bâtiments du Fonds du logement. Et maintenant on apprend qu’on va y loger des réfugiés!»

 

Le fait de ne pas avoir été consulté par la commune n’arrange en rien le ressentiment de certains, qui se demandent même s’il n’y a pas de recours possibles pour empêcher cette arrivée. «Chacun d’entre nous connaît des résidents dans le besoin, qui ne trouve pas à se loger décemment, que fait-on réellement pour eux? Ne sont-ils pas prioritaires eux-aussi? Je connais une jeune femme qui ne trouve pas de location avec son enfant autiste, rien n’est fait pour elle, rien.»

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Si elle admet l’ensemble de ces réalités, Mathilde* quant à elle ne voit pas d’un mauvais œil cette installation à venir. «En 2021, la Ville d’Esch parlait de démolir les lotissements actuels, pour les remplacer par des bâtiments plus hauts et plus grands, et de remplacer toute la verdure par un grand parking. Je suis bien contente de ne pas voir cela se faire et d’accueillir de nouvelles personnes, du moins encore pour un moment, car je ne sais pas vraiment ce qui va se passer par la suite.»

Il faut bien dire que la Cité de l’Espérance, nichée dans le quartier de Raemerich, est résolument bien pittoresque, avec ses neuf immeubles d’habitation couleur saumon de deux étages entourée de verdure en bordure de la nouvelle autoroute.

Une situation qui ne devrait être que provisoire

Le Fonds du logement est le propiétaire des anciens logements sociaux de la Cité de l’Espérance.
Le Fonds du logement est le propiétaire des anciens logements sociaux de la Cité de l’Espérance. © PHOTO: Virgule.lu

En attendant, les conseillers d’Esch ont prolongé jusqu’à fin 2024 la convention avec le Fonds du logement, qui met gratuitement à disposition de la commune l’un des neuf immeubles d’habitation comme hébergement d’urgence. Deux personnes y séjourneraient actuellement.

Également contacté sur le sujet, le Fonds du logement n’a pas encore donné suite à nos sollicitations. De son côté, la Ville d’Esch nous a renvoyé auprès de l’Ona, «pour les informations concernant les infrastructures dans la Cité de l’Espérance, qui a la charge de la gérance des structures en question». L’affaire reste donc à suivre.

* Les prénoms ont été changés, dans un souci d’anonymat