Liège envisage d’introduire la carte citoyenne

Wort 9 août 2023, Max Hellef

( et pourquoi pas s’en inspirer au Grand Duché? sk)

Cette autre identification permettrait de renforcer le sentiment d’appartenance à la ville tout en aidant à l’inclusion des populations précarisées.

L'idée: la carte citoyenne liégeoise permettrait en outre de faciliter l'accès aux droits et aux services communaux pour les personnes sans abri ou sans papiers.

L’idée: la carte citoyenne liégeoise permettrait en outre de faciliter l’accès aux droits et aux services communaux pour les personnes sans abri ou sans papiers. Foto: Getty Images

Après Zurich et New York, Liège envisage de lancer une carte citoyenne. L’initiative suscite un vif intérêt parmi les acteurs sociaux qui y voient une possibilité d’aller vers davantage d’inclusion pour les populations précarisées de la Cité ardente, laquelle fait face à d’importants problèmes liés à la pauvreté et au déclassement.

La carte citoyenne liégeoise aurait pour principal objectif de fournir deux informations essentielles: prouver l’identité de la personne et attester de sa résidence sur le territoire de la commune. Dès lors, elle permettrait de faciliter l’accès aux droits et aux services communaux pour l’ensemble des concitoyens – donc également pour les plus démunis – en offrant des avantages à tous ses détenteurs.

Sur les ondes de la RTBF, Alice Clarebout explique que la carte citoyenne serait un outil essentiel pour les populations les plus vulnérables, comme les personnes sans abri ou sans papiers, qui font souvent face à des difficultés pour accéder à certains services, tels que les soins dispensés par les maisons médicales. Pour cette chercheuse du Cedem (Centre d’étude de l’ethnicité et des migrations), «en prouvant leur identité et leur résidence, ces personnes pourraient bénéficier plus aisément de leurs droits et de services indispensables à leur bien-être».

Cependant, la mise en œuvre de cette carte pour les personnes sans domicile fixe ou sans papiers ne va pas sans difficulté. Comment un sdf peut-il prouver sa résidence dans une commune sans y disposer d’une adresse fixe? La réponse à cette question pourrait passer par une collaboration avec des associations locales, lesquelles attesteraient de la présence régulière de la personne concernée dans la ville.

Un autre aspect concerne les personnes transgenres. Pour celles qui souhaitent changer de prénom, les démarches administratives peuvent être longues et complexes. Dans l’attente de disposer de papiers définitifs, cette carte leur permettrait de faire reconnaître leur identité avec leur nouveau prénom de manière plus simple et plus rapide. Les rapports avec l’administration ou la police en seraient facilités.

L’étiquette de paria

Le risque existe bien sûr que les utilisateurs de la carte se voient systématiquement coller l’étiquette de paria, et souffrent de discrimination. Pour passer outre cet obstacle, l’objectif est que tous les Liégeois, quelle que soit leur situation, du plus pauvre au mieux loti, puissent l’utiliser de manière courante, sans que cela ne suscite de remarques particulières.

Pour réussir à mettre en place la carte citoyenne, une collaboration étroite avec les différents acteurs de la vie locale est nécessaire.

Dans la Cité ardente, 40.000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté.

La police, le CPAS qui dispense l’aide sociale, ainsi que d’autres services communaux doivent donc être impliqués. C’est pourquoi un groupe de travail réunit les services de la Ville et les acteurs de la société civile depuis près de quatre ans. Des discussions sont en cours pour évaluer la pertinence et la faisabilité de cette initiative. La police locale lui montre un certain intérêt.

Quant au lancement effectif de la carte citoyenne, il dépendra en partie des prochaines élections communales de 2024. Mais les premiers échos sont de bon augure: certains partis politiques s’intéressent au projet et pourraient l’inscrire dans leur programme électoral.

Des villes comme New York et Zurich ont déjà adopté un système similaire. Ces précédents permettent à Liège de pouvoir juger sur pièce de l’utilité d’un tel projet. Dans la Cité ardente, 40.000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté.