Rapport de la Commission européenne
Logement, emploi: les discriminations persistent pour les afro-descendants au Luxembourg
La deuxième édition de l’étude européenne «Being Black in the EU» est sortie le 25 octobre dernier. L’occasion de revenir sur la situation des personnes afro-descendantes au Luxembourg avec Sandrine Gashonga, militante pour Lëtz Rise Up.
(2 Fragen : war Luxemburg bei den 12 Mitgliedstaten , war 1 Luxemburger EU Parlamentarier bei den 37?)
Interne Unterlagen zeigen: Das Auswärtige Amt und mehrere EU-Mitgliedsstaaten sind empört darüber, wie die Kommission den Migrationsdeal mit Tunesien durchgepeitscht hat. Von Franziska Grillmeier, Bastian Mühling und Yassin Musharbash
Es klang wie ein Durchbruch, und so sollte es auch klingen: Man habe ein »gutes Paket« geschnürt, erklärte Ursula von der Leyen, Präsidentin der EU-Kommission, am 16. Juli. Das Memorandum zwischen der EU und Tunesien ermögliche eine »integrierte Bewältigung der Migrationskrise«, sekundierte Giorgia Meloni. Der Deal, so die italienische Ministerpräsidentin, könne Vorbild für weitere Abkommen mit nordafrikanischen Staaten sein. Auch von der Leyen wünschte sich, dass das Abkommen anderswo »nachgeahmt« werde.
C ela n’a pris que quelques jours. Sous le choc de l’agression russe contre l’Ukraine, les mots pour désigner les femmes et les hommes qui fuient leur pays afin d’échapper au malheur ou à la mort ont radicalement changé. Finie « la crise des migrants », bonjour « la solidarité avec les réfugiés ».
La guerre aux portes de l’Europe a changé les manières de voir et les politiques dans bien des domaines : énergie, défense, souveraineté. Le changement de paradigme sur l’immigration, lui aussi, est spectaculaire.
Il y a longtemps déjà que les figures du « demandeur d’asile » et celle de l’« immigré », clairement distinctes du temps de la guerre froide ou des dictatures latino-américaines – le premier « politique », le second
« économique » –, s’étaient brouillées. Le rétrécissement progressif des voies légales d’immigration, la multiplication des conflits au Moyen-Orient et en Afrique ont transformé en « demandeurs d’asile » beaucoup de ceux que l’on appelait autrefois des « immigrés ».
D’où l’adoption du terme englobant de « migrants ». L’application de la convention de Genève de 1951 qui réserve le statut de réfugié à toute personne « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité (…) ou de ses opinions politiques » est devenue de plus en plus complexe, dans un contexte où oppression et misère sont souvent indissociables.
Des murs et des clôtures
L’Union européenne, prise entre sa volonté d’abattre ses frontières internes et l’exigence de chaque Etat de conserver la maîtrise souveraine de l’asile, tiraillée entre l’Est et l’Ouest et entre des histoires d’immigration différentes, n’a jamais réussi à s’accorder sur un mécanisme commun d’examen des demandes d’asile. D’où les murs, les clôtures et les politiques – sauf en Allemagne en 2015 – destinés à barrer la route aux Syriens, aux Afghans, aux Africains, à tenter de les maintenir en Turquie ou en Afrique du Nord.
Et voilà que des Ukrainiens, victimes d’une guerre d’agression comme le continent n’en a pas vu depuis 1945, ressuscitent la figure, typiquement européenne, du « réfugié » de l’après-seconde guerre mondiale, victime de la barbarie nazie ou de l’oppression soviétique. Ironie de la géographie, ils déferlent par centaines de milliers, dans les pays de l’est de l’Europe jusqu’à présent les plus hostiles à l’accueil des réfugiés venus d’Afrique ou du Moyen-Orient. Ce pied de nez de l’histoire a abouti, le 3 mars, à une décision inédite de l’Union européenne, aux conséquences potentiellement considérables.
Ce jour-là, les Vingt-Sept ont décidé d’accorder une « protection temporaire » à toute personne fuyant la guerre en Ukraine. Le droit au séjour et au travail est accordé automatiquement, sans l’examen individuel qu’exige la convention de Genève. L’Europe-forteresse ouvre soudain grand ses portes. Pour ce faire est exhumée une directive conçue à Bruxelles en 2001, au lendemain des guerres en ex-Yougoslavie, pour faire face à un « afflux massif de personnes déplacées en provenance de pays tiers ». Ce texte, jamais appliqué faute d’un vote majoritaire des Etats, a été activé, cette fois, à l’unanimité. Il prévoit non seulement des critères communs d’admission, mais aussi un système de répartition des réfugiés entre les Etats selon leur capacité d’accueil. Précisément ce que les Européens échouent à mettre en place depuis des lustres.
Ce pas inattendu vers une gestion mutualisée de l’asile en Europe ne garantit en rien un changement d’attitude des pays comme la Pologne ou la Hongrie, les plus hostiles aux migrants venus d’Afrique ou du monde arabe. Mais s’ils pensaient être à l’abri des migrations, la guerre en Ukraine les rappelle à la réalité. Et comment, eux qui vont devoir compter sur la solidarité des pays de l’ouest du continent pour l’accueil des Ukrainiens, pourraient-ils à l’avenir continuer de s’opposer à un partage de tous les réfugiés ?
Dénoncer la différence de traitement entre les Syriens et les Ukrainiens ne doit pas empêcher de saluer l’étape qui vient d’être franchie dans l’histoire européenne de l’asile. Les raisons pour lesquelles le sort des Ukrainiens émeut spécifiquement les Européens ne peuvent se résumer à une affinité de couleur de peau ou de religion. La proximité n’est pas seulement géographique. Le progrès qu’a constitué la protection internationale des réfugiés est d’abord une histoire européenne.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a été créé en 1950 pour donner un statut aux trente millions d’Européens déplacés à la suite du nazisme et des changements de frontière à l’est. A l’origine, la convention de Genève sur les réfugiés ne s’applique de fait qu’aux Européens. Elle ne sera étendue au reste du monde qu’en 1967, dans le contexte des conflits nés de la décolonisation.
L’application du droit d’asile n’a jamais été indifférente aux réalités géopolitiques et au contexte économique. Longtemps, en Europe, les « bons » réfugiés ont été les dissidents d’URSS et des pays de l’Est, puis les Vietnamiens et les Chiliens. Mais, depuis des lustres, l’accueil s’est mondialisé : les Syriens, les Vénézuéliens et les Afghans représentent les trois premières nationalités parmi les quelque 300 000 personnes obtenant chaque année le statut de réfugié dans l’Union (447 millions d’habitants).
Si l’émotion considérable causée par la guerre en Ukraine doit faire progresser l’Europe des migrations, c’est vers l’affirmation de l’universalité du droit d’asile. Loin de prêter à un chantage migratoire de la part de Vladimir Poutine, les réfugiés d’Ukraine peuvent contribuer à galvaniser l’Europe. La capacité de notre continent à offrir un asile à tout être humain fuyant les guerres est l’une de ses valeurs que, tragiquement, l’agression russe et la résistance des Ukrainiens remettent en lumière.
Since 2000, IOM has been producing its flagship world migration reports every two years. The World Migration Report 2022, the eleventh in the world migration report series, has been produced to contribute to increased understanding of migration and mobility throughout the world. This new edition presents key data and information on migration as well as thematic chapters on highly topical migration issues, and is structured to focus on two key contributions for readers:
Part I: key information on migration and migrants (including migration-related statistics); and
Part II: balanced, evidence-based analysis of complex and emerging migration issues.
This flagship World Migration Report has been produced in line with IOM’s Environment Policy and is available online only. Printed hard copies have not been made in order to reduce paper, printing and transportation impacts.
The World Migration Report 2022 interactive page is also available here.
Seit geraumer Zeit schon prügeln die Europäer auf Alexander Lukaschenko ein, als sei er der Hauptschuldige an der europäischen Flüchtlingsmisere. Doch es fragt sich, ob der belarussische Präsident nicht vor allem als Vorwand, als Ausrede dienen soll, als Sündenbock, dem man das europäische Versagen aufhalsen kann.
Depuis trente ans, le 18 décembre, est célébrée la Journée internationale des droits des migrants, née à la demande de l’ONU et visant à promouvoir les droits du travail des migrants. À ce jour, très peu de pays de l’UE l’ont ratifiée. Adoptée en 1990, trente ans plus tard, les conditions des travailleurs migrants dans le monde ne se sont pas améliorées, au contraire, des milliers de violations de leurs droits et droits humains fondamentaux sont signalées chaque année. C’est pourquoi aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire de célébrer cette journée pour lutter contre les abus et les exploitations au travail.
À l’échelle européenne, les institutions ont mis en place la « Conférence sur l’Avenir de l’Europe » afin de prendre en compte l’avis et les attentes des citoyens concernant les orientations et politiques de l’UE.
C’est dans ce cadre que les membres de la sous-commission “Avenir de l’Europe” de la Chambre des Députés ont eu un échange avec des organisations de la société civile sur la “gestion des flux migratoires”.
Premier constat
Les États membres de l’Union, comme les autres pays « d’accueil » boycottent la Convention[1] des Nations Unies censée fournir un cadre légal partagé.
Migrer étant un phénomène ancien se vérifiant un peu partout, il se nourrit de raisons multiples allant de la pauvreté, des motivations personnelles, des conflits, des catastrophes naturelles, des discriminations subies, des violations des droits de l’humain, jusqu’aux effets des changements climatiques.
Deuxième constat
Ce ne sont pas les plus pauvres qui partent: ils n’en ont simplement pas les moyens.
Notre perspective euro-centrée fait croire que l’Europe était l’unique centre d’attraction. Or, l’essentiel des migrations se fait ailleurs, souvent entre pays voisins. C’est ainsi que l’énorme majorité des réfugiés se trouvent en Afrique et en Asie.
Troisième constat
L’Union européenne porte haut le drapeau des valeurs humanitaires et ses politiques doivent être confrontées à cette ambition. Ces valeurs sont secouées par des refus de porter assistance aux naufragés dans la Méditerranée et dans la Manche, par des dévoiements de l’aide au développement pour freiner les migrations, alors que le Traité de Lisbonne fixe comme objectif de l’aide au développement la réduction et l’éradication de la pauvreté. Notons au passage que les économies renvoyées par les migrants sont presque le triple de l’aide publique au développement.
Quatrième constat
Calais, Moria, Lampedusa, les Balkans, la frontière avec la Biélorussie[2], le Détroit de Gibraltar, Melilla, sont autant de lieux de honte où les politiques nationales et européennes dérivent vers le sécuritaire, vers la criminalisation de l’aide humanitaire, vers une violation des droits humains. Pour les associations signataires, il ne s’agit pas d’une “crise migratoire”, mais bien d’une crise de l’accueil pour l’UE. Il ne s’agit pas d’une “gestion des flux migratoire” mais d’un impératif de respecter les principes fondateurs de l’Europe et les droits fondamentaux. Nous rappelons ici que ces textes de droits humains s’appliquent en Europe, et concernent toute personne qui se trouve sur son territoire : ils représentent un acquis précieux que nous nous devons ne pas fragiliser davantage.
Cinquième constat
Toutes les sources confirment que la population de l’Union européenne est de plus en plus vieillissante et, en 2019, le nombre moyen d’enfants par femmes était de 1,53, un chiffre insuffisant pour que la population européenne se renouvelle d’elle-même. Même s’il convient d’éviter des conclusions simplistes, on ne peut s’empêcher d‘évoquer l’immigration comme UN moyen de réagir aux effets de pareil déclin démographique.
Dès lors, la mise en place d’une politique d’immigration et d’asile communes devient inéluctable, quelles que soient les tendances anti-migrants alimentées par d’aucuns pour galvaniser des (re-)sentiments et engranger des votes.
Il ne peut y avoir de réponses en matière d’asile et d’immigration que par une politique commune, basée sur la solidarité entre les États membres.
Sixième constat
Étant donné que les associations issues et héritières de l’immigration sont de véritables acteurs citoyens qui agissent en faveur de l’interculturel, du co-développement et du métissage culturel et à travers de projets visant au développement de nouvelles géographies humaines, elles permettent de dessiner une relation, d’entretenir un espace de dialogue, de rapprocher des espaces économiques, sociaux, politiques et culturels. Il est essentiel et vital de les soutenir, et qu’elles aient accès aux financement publics.
Septième constat
Le Luxembourg, avec la moitié de ses citoyens n’ayant pas de passeport luxembourgeois, est bénéficiaire hors catégorie de l’immigration et 200.000 migrants transfrontaliers quotidiens viennent par ailleurs contribuer à son économie. Se voulant élève modèle, voir donneur de leçons, le vaste chantier de l’accueil et de l’intégration est en friche au Grand-Duché. La récente étude de l’OCDE[3] et les préparatifs en vue d’une nouvelle législation sur l’accueil, soulignent la nécessité d’agir. Une approche cohérente serait davantage garantie si l’accueil et l’intégration étaient abritées dans un même Ministère. L’accès rapide des demandeurs de protection internationale au marché de travail, des visas temporaires pour la recherche d’un travail, des programmes d’insertion et de parcours à l’emploi et une immigration circulaire contribuent à des voies légales d’entrée, tout comme des efforts doivent être faits en matière de régularisation et de combat contre la traite humaine.
Conclusion
La conférence sur l’Avenir de l’Europe est une plateforme qui nous a permis, au Luxembourg, de mettre en avant la thématique de la migration et de l’asile nécessaires au bon fonctionnement de la politique et au renforcement des valeurs européennes. Nous comptons sur les députés pour faire valoir ces points à échelle européenne, pour s’écarter du chemin actuel que prend la politique de migration et d’asile ici et là.
ASTI, CERCLE DE COOPERATION, CLAE, LFR, PASSERELL
[1] Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille adoptée par l’Assemblée générale dans sa résolution 45/158 du 18 décembre 1990
La plupart des victimes étaient des Kurdes, originaires d’Irak ou d’Iran. Après ce drame inédit, les autorités ciblent les passeurs et les ONG réclament des voies légales de migration vers le Royaume-Uni.
Le président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré mercredi que « la France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière ». Mais elle l’est, de fait, déjà devenue. A voir les corbillards entrer l’un après l’autre dans la zone portuaire de Calais – où les secours ont débarqué les corps des nombreuses victimes, c’est cette image qui dominait. « Combien de morts vous faudra-t-il ? », interroge une pancarte brandie parmi un groupe de quelques dizaines de personnes, des militants associatifs surtout, venues se réunir devant le port.
Il y a des bougies posées sur les pavés, dans un hommage funèbre. « Quand on dit que les frontières tuent, c’est vraiment ça », souligne Alexine Fougner, 27 ans, engagée à Calais auprès d’une association qui aide les personnes migrantes vivant dans les campements à recharger leurs téléphones. « C’était des hommes, des femmes, des enfants, des humains. On devrait être 5 000 ce soir et on est 50, se désole Olivier Maillard, militant calaisien de 49 ans. L’empathie s’épuise dans ce pays. »
Des bougies ont été allumées en mémoire des migrants morts en mer, sur le quai Paul Devot, à Calais, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2021. AIMEE THIRION POUR « LE MONDE »
La mer était calme
D’après les premiers éléments d’information partagés par les autorités et le parquet de Lille – où une enquête a été ouverte –, la majorité des victimes seraient des Kurdes, d’Irak ou d’Iran. Deux hommes rescapés ont par ailleurs été pris en charge à l’hôpital de Calais, vraisemblablement de nationalité irakienne et somalienne.
Leur embarcation serait partie des environs de Loon-Plage, une commune proche de Dunkerque (Nord). Il est probable que les personnes venaient des campements voisins de Grande-Synthe. Dans l’après-midi, c’est un bateau de pêche qui a signalé des corps en mer, tout près des eaux anglaises, avant qu’un patrouilleur de la marine nationale, une vedette de la gendarmerie maritime et un canot tous temps de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Calais soient dépêchés sur la zone. « Le bateau a été retrouvé dégonflé, il flottait encore un peu », rapporte Bernard Barron, président de la SNSM de Calais. Les naufragés étaient à l’eau.
Mardi, le temps était propice aux traversées. La mer était calme. Pas de vent, pas de brume. « Ça devait arriver, c’était écrit, réagit Alain Ledaguenel, président de la SNSM de Dunkerque, dont les équipages bénévoles ont réalisé plusieurs dizaines de sauvetages cette année, fréquemment appelés en renfort des bateaux de l’Etat. On sait que les moyens des secours en mer sont insuffisants. »
Le phénomène dit des small boat est apparu en 2018 mais il a explosé en 2021. Depuis le début de l’année, plus de 25 000 migrants ont ainsi réussi à rejoindre l’Angleterre et près de 8 000 ont été secourus, en détresse, et ramenés sur les côtes françaises. Les canots pneumatiques sur lesquels ils embarquent souvent à plus de 30 « viennent de Chine, sont très fragiles, étroits et longs, avec des moteurs qui ne sont pas suffisamment puissants, explique M. Ledaguenel. A bord, ils n’ont même pas de compas pour se diriger. Ils n’ont aucun feu de navigation, sont indétectables au radar et quand ils sont éloignés des côtes, la portée d’un téléphone n’atteint pas le rivage. Si celui qui est à la barre n’a pas de point de repère, il ne va pas savoir compenser la dérive due au courant de marée et va se trouver déporté et, rapidement, en panne sèche. » « La Manche est une autoroute, ajoute son collègue Bernard Barron. Imaginez qu’un canot surchargé se retrouve dans le sillage d’un pétrolier, surpris par le remous de ses hélices. Ca fait comme un tsunami qui déferle ».
Une rhétorique qui exaspère le milieu associatif. « C’est une hypocrisie immonde de dire qu’on va lutter contre les passeurs. Ce sont eux qui les ont fabriqués, tempête Vincent de Coninck, chargé de mission migrants au Secours catholique de Calais jusqu’en 2018. J’ai connu au début des années 2010 une période où les gens passaient sans argent. C’est la sécurisation à outrance qui a fait les réseaux. »
Des bénévoles et des membres d’associations se sont regroupés à l’entrée du quai Paul Devot, à Calais, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2021. AIMÉE THIRION POUR « LE MONDE »
De fait, le phénomène des traversées de la Manche est apparu concomitamment au tarissement des passages en camion, résultat notamment de la sécurisation technique du port de Calais et du tunnel sous la Manche. Les ceintures de barrières coiffées de barbelés n’ont de cesse de fleurir dans la ville.
« Il n’y avait pas de passeurs avant que la frontière ne soit verrouillée, corrobore Olivier Cahn, membre du Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (Cesdip). Si on considère le nombre de traversées, de naufragés et de morts, on est à la fin d’un système. La répression seule ne fait que renforcer les organisations mafieuses et augmenter le prix du passage. »
Des procédures de migration compliquées par le Brexit
« Cela fait des mois qu’on alerte le ministère de l’intérieur en disant que sans voies légales de migration, on va vers davantage de drames, ajoute Lucie Bichet, juriste au sein de l’ONG Safe Passage. On n’a jamais eu de réponse. » Safe Passage soutient notamment des mineurs isolés et des familles qui souhaitent rejoindre légalement le Royaume-Uni. « Depuis le Brexit, les procédures de réunification familiale sont extrêmement compliquées, constate Mme Bichet. Avant, le règlement de Dublinnous permettait d’accompagner des dizaines de personnes [le règlement européen prévoit qu’un demandeur d’asile peut rejoindre un membre de sa famille situé dans un autre pays de l’Union européenne que celui dans lequel il est enregistré]. Cette année, en s’appuyant sur le droit interne britannique, on n’a pu obtenir qu’un seul visa. Nous n’avons plus de solution. »
« Il faut organiser une répartition équitable des demandeurs d’asile entre nos deux pays », estime Thierry Le Roy, président de France terre d’asile, pour qui « les traités bilatéraux du Touquet et de Sangatte [qui localisent la frontière en France] font obstacle à ce que les gens puissent demander l’asile au Royaume-Uni ». D’après une étude de l’ONG britannique Refugee Council, depuis 2020, 98 % des personnes arrivées en small boat au Royaume-Uni y ont demandé l’asile. La majorité est de nationalité iranienne, irakienne, soudanaise ou syrienne.
Pour beaucoup, l’Angleterre est aussi devenu un recours ultime. Patron de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, Didier Leschi constate que lors des démantèlements de campement à Calais, seul « un migrant sur deux ou trois accepte d’être hébergé ». Les autres préfèrent rester sur le littoral dans l’attente d’un passage.
A proximité du port de Calais, mercredi soir, ils étaient quelques-uns à s’être abrités sur les quais de chargement d’un hangar logistique. Leurs récits d’exil disent à quel point ils sont les perdants du système européen d’asile, qui veut qu’une personne ne peut solliciter la protection que d’un seul Etat membre.
Des migrants soudanais et eryhtréens dorment dans la rue, près du quai Paul Devot, à Calais, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2021. AIMEE THIRION POUR « LE MONDE »Des affaires de migrants réfugiés dans les rues de Calais, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2021. AIMEE THIRION POUR « LE MONDE »
Beaucoup de ceux qui échouent à Calais ou à Grande-Synthe n’ont pas réussi à obtenir une protection internationale et errent en Europe depuis parfois plusieurs années. Mohamed Moge, un Soudanais de 19 ans, a déjà passé un an et demi en Sicile avant de se rendre en Allemagne. En vertu du règlement de Dublin, il a été renvoyé en Italie. Aujourd’hui, il a l’Angleterre comme horizon.
« Je n’ai pas d’attache là-bas mais je dois y aller pour trouver un futur », explique-t-il. Son compatriote, Ali Abdi, est arrivé en Italie en 2019. « J’avais 17 ans, témoigne-t-il. Au bout de sept mois, je suis parti demander l’asile au Luxembourg. Il m’a été refusé. J’ai deux sœurs et deux frères au pays. Ma mère me demande souvent de leur envoyer de l’argent. J’ai besoin d’aller en Angleterre, par camion ou par la mer. Je resterai ici jusqu’à en mourir. » En mer, certains sauveteurs en sont à espérer que la météo tourne au mauvais temps pour dissuader les gens de tenter la traversée. Ils voudraient que le vent se lève.
The Action Plan outlines concrete steps, provides guidance and delineates funding for initiatives that promote inclusion for everyone. It is centred around multi-stakeholder partnerships, including close cooperation with migrant-led organisations. Its main actions include:
Inclusive education and training from early childhood to higher education, focusing on easier recognition of qualifications and continued language learning;
Improving employment opportunities and skills recognition to fully value the contribution of migrant communities, and women in particular, and ensure that they are supported to reach their full potential;
Promoting access to health services, including mental healthcare, for people with a migrant background;
Access to adequate and affordable housing, funded through the European Regional Development Fund (ERDF), European Social Fund Plus (ESF+), Asylum and Migration Fund (AMF) and Invest EU.
Wie Frontex eine deutsche NGO einschüchtert – trotz Widerstand des Europaparlaments
Die EU-Grenzschutzagentur verlangt von der kleinen Organisation »Frag den Staat« die Erstattung von 10.000 Euro Anwaltskosten. Frontex-Chef Leggeri stellt sich damit demonstrativ gegen das Europaparlament.
Die Formulierung der Europaparlamentarier war unmissverständlich. Frontex, die europäische Grenzschutzagentur, solle ihre Forderungen gegen die NGO »Frag den Staat« zurückziehen. Dass Frontex Tausende Euro an Anwaltskosten von den Aktivisten verlange, könne eine »abschreckende Wirkung« haben, schrieben die Parlamentarier im April. Man sei »zutiefst besorgt«. Im EU-Jargon ist das eine fortgeschrittene Eskalationsstufe.
Nun, kein halbes Jahr später, steht fest: Den Frontex-Chef Fabrice Leggeri kümmert das offensichtlich nicht. Er bleibt bei seiner Forderung. Falls das Geld bis Montag nicht da sei, sehe man sich gezwungen, das Geld einzutreiben, teilte Frontex »Frag den Staat« mit. Das geht aus einer E-Mail der Agentur an die Anwälte der NGO hervor, die dem SPIEGEL vorliegt. In dem Fall, so schreibt Frontex, werde es jeden Tag teurer.
Das Team von »Frag den Staat« besteht aus rund einem Dutzend größtenteils deutscher Mitarbeiterinnen und Mitarbeiter. Die kleine NGO bittet regelmäßig Regierungen und europäische Institutionen um Dokumente, die sie anschließend veröffentlicht. Sie beruft sich dabei auf europäische Informationsfreiheitsgesetze, will so die Arbeit der Regierenden transparent machen.
Frontex wollte zunächst mehr als 23.700 Euro haben
Auch interne Frontex-Dokumente fordert »Frag den Staat« immer wieder an. Als Frontex sich 2017 weigerte, eine Liste von Schiffen der Mittelmeeroperation »Triton« herauszugeben, klagte die NGO – und verlor. Für die Aktivistinnen und Aktivisten war es ein Routinevorgang; doch dann bekamen sie Post aus Warschau. Frontex, eine der mächtigsten EU-Behörden mit einem Jahresbudget von 543 Millionen Euro, stellte »Frag den Staat« Anwalts- und Reisekosten für den Prozess in Rechnung. Insgesamt 23.700 Euro.
Ein Gericht gab Frontex später recht, die Forderungen seien aber zu hoch, entschieden die Richter. Sie reduzierten sie auf 10.520,76 Euro – eine immer noch hohe Summe, die in ähnlichen Fällen nie fällig werde, sagt Arne Semsrott, Projektleiter von »Frag den Staat«. »Andere Institutionen wie die EU-Kommission bezahlen ihre Anwälte selbst und stellen nichts in Rechnung.«
Semsrott glaubt, dass Frontex Transparenzaktivisten wie ihn abschrecken möchte. Die Agentur ist für ihre Geheimniskrämerei bekannt. »Unsere Klage ist der erste Fall, in dem eine NGO von Frontex vor Gericht die Herausgabe von Dokumenten verlangt hat«, sagt Semsrott. »An uns soll ein Exempel statuiert werden.«
»Fabrice Leggeri nimmt das Europaparlament nicht ernst.«
Arne Semsrott, »Frag den Staat«
Ursprünglich hatte er gehofft, dass Leggeri das Votum des Europaparlaments respektieren würde. Auch, weil die Abgeordneten Leggeri und seine Agentur eigentlich kontrollieren sollen. »Dass Frontex die Anwaltskosten trotzdem einfordert, zeigt, wie wichtig ihm der Fall ist. Und dass er das Europaparlament nicht ernst nimmt«, sagt Semsrott.
»Es ist sehr besorgniserregend, dass Frontex der Empfehlung des EU-Parlaments nicht nachkommt«, sagt die niederländische Abgeordnete Tineke Strik dem SPIEGEL. Strik ist Berichterstatterin einer Prüfgruppe des Europaparlaments, die Frontex kontrollieren soll. In ihrem Bericht, der auch von der Fraktion der Konservativen mitgetragen wurde, erinnerte sie Leggeri explizit an den Parlamentsbeschluss. Frontex müsse endlich transparenter werden und erkennen, dass das auch die Glaubwürdigkeit der Agentur erhöhen würde, sagt Strik.
Frontex hat sich auf Anfrage des SPIEGEL bisher nicht geäußert.
Es ist nicht das erste Mal, dass Leggeri das Parlament missachtet. Wegen der Verstrickung in die illegalen Pushbacks von Flüchtlingen in der Ägäis steht die Agentur seit Monaten unter Druck. Griechische Grenzschützer setzen dort systematisch Schutzsuchende auf aufblasbaren Rettungsflößen auf dem Meer aus, wie SPIEGEL-Recherchen zeigten.
Leggeri wusste früh von den Aktionen der griechischen Grenzbeamten. Die Frontex-Grenzschützer helfen sogar bei den Menschenrechtsbrüchen, indem sie die Flüchtlinge stoppen und an die griechische Küstenwache übergeben. Einen besonders eklatanten Fall, so zeigen es die Recherchen, zeichneten Frontex-Beamte gar aus der Luft auf.
Doch als EU-Parlamentarier ihn zu den Pushbacks befragten, verschwieg Leggeri das brisante Material lange. Er versuchte, die Rechtsbrüche zu vertuschen. Zuletzt weigerte sich der Haushaltsausschuss des Europaparlaments deshalb, den Jahresabschluss der Agentur zu genehmigen und Leggeri zu entlasten. Linke, Grüne und Sozialdemokraten fordern seinen Rücktritt.
Aktivist Arne Semsrott wird die Anwaltskosten der EU-Agentur nun zahlen. Ihm bleibe schließlich keine andere Wahl, sagt er. Am Montag wollen er und seine Mitstreiter das Geld in Brüssel demonstrativ in einem Geldkoffer übergeben.