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Antónia Ganeto, porte-parole à toute épreuve

Jérôme Quiqueret tageblatt 27 janvier 2021
Porte-parole du réseau afrodescendant Finkapé, Antónia Ganeto a obtenu la condamnation pour incitation à la haine d’un internaute de Schuttrange qui l’avait injuriée à l’occasion de la grève des femmes du 7 mars dernier. Elle n’en ressort qu’à moitié satisfaite mais convaincue de l’intérêt de la démarche.
C’est un pas que ses parents n’auraient pas pu franchir. C’est un jugement qui prouve que la société bouge et que la justice la suit, avec son décalage habituel. C’est la fin d’un combat qui s’achève par une victoire, qui devrait en appeler d’autres, et des combats et des victoires. La condamnation à 1.500 euros d’amende rendue le 6 janvier par le tribunal de Luxembourg à l’encontre d’un sexagénaire de Schuttrange pour incitation à la haine à l’égard d’un groupe de personnes en raison du sexe et de l’origine affirme qu’on ne peut pas écrire ce qu’on veut impunément. Et surtout pas commenter ainsi des images de la grève des femmes, dans laquelle elle apparaît au premier plan: „Ma dei wouschtketien wenn et hinnen an letzebuerg net gudd genug ass dann ab op den mound oder an den kongo do kennen se den aafen kniet an d’schwänz machen haaptsaach weit fort.“
Et pourtant! Antónia Ganeto ne peut voir dans ce jugement qu’une victoire en demi-teinte. Certes, ces paroles sont „débanalisées“ par la condamnation. Mais elle aurait aimé que les juges suivent le réquisitoire du ministère public, en infligeant une peine de prison avec sursis (le Parquet proposait trois mois). „C’était l’occasion de statuer un exemple“, d’autant plus que l’insulte visait la porte-parole d’une association, une multiplicatrice. Mais Antónia Ganeto regrette encore davantage que son agresseur verbal ne soit pas contraint de suivre une formation auprès d’une association de déradicalisation telle que respect.lu.
Eviter la récidive est pourtant l’obsession de la justice. Et en pareil cas, cela mérite un travail de fond. „Il est vraiment nécessaire d’influer sur ces états d’esprit pour changer vraiment ces mentalités et pour envoyer un signal.“ Ganeto est bien placée pour défendre la force des mots et de la connaissance pour empêcher les situations de conflit. L’éducation interculturelle est son métier depuis un quart de siècle et la fin de ses études universitaires en communication. Elle dirige le Centre d’éducation interculturelle (IKL). Et c’est elle qui fournit depuis quelques années à la police grand-ducale les compétences interculturelles nécessaires à la réalisation de sa mission.

„L’enfant en moi
s’est réveillée“

Ce stage aurait surtout apaisé Antónia Ganeto la victime, plus que l’activiste. La peine n’est pas à la hauteur du processus douloureux que les insultes puis la plainte lui ont fait traverser. Les mots ont eu un impact psychologique mais aussi physique. Nausées, insomnies, pleurs à répétition ont accompagné le trajet jusqu’à la barre du tribunal. “L’enfant qui était en moi s’est réveillée. Je me suis souvenue de toutes les humiliations que j’ai subies. Et j’ai compris que ma réaction physique était similaire à une réaction post-traumatique. Je ne réagissais pas à cet homme-là qui, somme toute, a écrit des injures sur le net qui ne constituent pas la fin du monde. Je n’ai pas subi de violence physique. Mais ça a réveillé tous ces souvenirs. Ça m’a rendue encore plus consciente de l’impact que le racisme direct, que j’ai connu en tant qu’enfant, mais aussi le racisme structurel, que j’ai longtemps occulté, ont eu sur toute ma vie.“
Dans le dossier pédagogique qui accompagne depuis 2018 le documentaire de Fränz Hausemer „De schwaarze Mann – un Noir parmi nous“, Antónia Ganeto témoignait de cette enfance, débutée au Cap-Vert, où l’héritage colonial s’exprimait dans „des rivalités anecdotiques entre certains habitants des îles du Sud, moins soumis au métissage, et d’autres des îles du Nord, qui prétendaient être plus civilisés, parce que plus près du Blanc“. Elle est arrivée en 1974, à 5 ans, à Junglinster pour rejoindre son père avec ses frères et sœurs. Quelques années plus tôt, dans les journaux de l’époque, les courriers de lecteurs se sont multipliés pour que l’on exclut le Cap-Vert de l’accord de main-d’œuvre à signer avec le Portugal. Leur argument est que le Luxembourg ne peut pas se permettre d’importer le problème racial. Comme s’il était une fatalité.
Cette vision du monde perdure. Et Antónia Ganeto a revécu en 2020 ce qu’elle avait subi dans les années 70, l’assignation à une couleur de peau et aux clichés qui lui collent. „J’étais en colère et désarmée parce que je subissais quelque chose que je trouvais foncièrement injuste, d’être mise ainsi dans une case, qu’on ne me voie seulement par ma couleur et que j’en subisse les conséquences.“
L’injustice consiste notamment à avoir été prise à partie pour un discours qu’elle n’a jamais tenu. Au moment de la photo qui a suscité les commentaires haineux sur internet, elle tenait en portugais le même discours – mêlant revendications générales et informations sur le déroulé de la manifestation – que trois femmes blanches avant elle. Ces dernières avaient utilisé le même porte-voix, celui prêté par le collectif artistique „Richtung 22“, sur lequel se lisait „Lëtzebuerg, du hannerhältegt Stéck Schäiss“, le titre provocateur d’une de leurs pièces de théâtre tournant en dérision le nation branding. Mais c’est la photo de sa tête derrière ce porte-voix accolée à une deuxième photo montrant la bandeole „Al wäiss Männer? Brauch kee Mënsch“ du même collectif qui ont été insidieusement publiées dans un groupe Facebook douteux, pour déclencher la haine.
Il y a dans cette accusation  l’„incroyable déclic“ d’associer la personne noire à ces mots. A ces mots dont elle craignait qu’ils lui fassent perdre toute crédibilité dans son travail quotidien et qu’on lui reproche dans la rue. A ces mots qu’elle n’aurait pas pu écrire. Avant tout parce qu’elle ne les aime pas. Ensuite parce que la liberté d’expression n’est pas la même pour toutes et tous. Comme le rappelle la pensée intersectionnelle, les discriminations, de genre, d’origine sociale, de couleur de peau se cumulent, elles ne s’équivalent pas. C’est ce dont a pris acte Ganeto en 2019 en cofondant le réseau afrodescendant Finkapé et c’est ce que signifiait la présence des afrodescendantes en un bloc distinct dans le défilé de la grève des femmes du 7 mars pour porter leurs propres revendications.

Accompagner les victimes

Cette prise de parole inédite aura donc provoqué des commentaires négatifs, dubitatifs souvent, ouvertement racistes parfois, apportant la meilleure preuve que le racisme est bel et bien un problème au Luxembourg. Quant à elles, les mentions du singe et du Congo, qu’à la barre le sexagénaire condamné a d’ailleurs dit tenir de son père, auront été la plus éclatante illustration du fait que l’héritage colonial pèse sur les représentations d’une partie de la population. Enième ironie d’une histoire qui n’en manque pas: dans les jours précédant le défilé, Ganeto expliquait, à qui voulait bien l’entendre, que le racisme structurel pouvait s’expliquer par le passé colonial de Luxembourgeois au Congo belge autant que par l’existence de zoos humains à Luxembourg au début du 20e siècle.
La prise en compte du caractère structurel du racisme est la condition primaire pour entendre et accéder à une revendication qui tient à cœur à Antónia Ganeto à l’issue de son expérience judiciaire. Elle estime que la Justice devrait mettre en place un accompagnement psychologique particulier à destination des afrodescendant.e.s,  au sens où il devrait être conduit par des personnes racisées, dont l’expérience et la conscience du racisme faciliteraient la confiance mutuelle et l’empathie. Ce serait rendre le parcours judiciaire le moins douloureux possible et faciliter le dépôt de plaintes auquel Ganeto invite toute personne victime de racisme. La justice a malgré tout démontré qu’elle savait apporter sa contribution à ce combat pour une société égalitaire. Il est temps d’en profiter.
Ça m’a rendue
encore plus consciente de
l’impact que le
racisme direct, que j’ai connu en tant qu’enfant, mais aussi le racisme structurel, que j’ai longtemps occulté, ont eu sur toute ma vie.

Les Frontalières «emmènent avec elles la vie qu’elles mènent au Luxembourg»

Ils sont plus de 200 000 à faire les «pendulaires» entre leur pays et le Luxembourg. Ce phénomène économique, engagé dès les années 1970, s’est accentué comme nulle part ailleurs en Europe depuis la fin des années 1990. La metteuse en scène Sophie Langevin, en partenariat avec l’ASTI et le Liser, leur donne la parole à travers quatre femmes : Les Frontalières .

Une pièce de théâtre sur le phénomène frontalier, c’est une première au Grand-Duché. D’où vous est venue l’idée?
Sophie Langevin : La pièce est une commande de l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI), tout simplement. À titre personnel, je vis à Luxembourg, mais avant de travailler sur le sujet, je n’en cernais pas bien l’ampleur. Je voyais les files de bouchons en sens opposés, avec des gens souvent seuls à l’intérieur. J’avais lu des articles sur les problèmes de mobilité auxquels les frontaliers sont confrontés, ou des thèmes concrets du genre. Mais je n’aurais pas eu l’idée d’en faire une pièce, alors que le sujet s’est révélé fécond.

Vous évoquiez l’envie d’une “confrontation entre l’intime et le général” pour aborder le sujet. Comment avez-vous travaillé?
Avec beaucoup de rencontres. Nous avons quatre comédiennes sur scène mais leurs parcours de vie synthétisent plus de 40 frontalières rencontrées! Ce travail, mené en partenariat avec Christophe Sohn, chercheur au Liser, nous a vraiment éclairé. Il y a eu des recherches plus documentées et plus classiques, sur le phénomène frontalier. Mais les rencontres nous permettent cette confrontation avec l’intime, justement. La plupart des entretiens se sont déroulés avant le Covid. Mais j’ai également pu recueillir des témoignages sur une phase importante de la crise sanitaire : les frontalières qui se sont provisoirement installées en chambre d’hôtel au Luxembourg, pour continuer à faire fonctionner le système hospitalier, à l’appel du gouvernement.

Quels métiers font-elles, vos quatre comédiennes, pour illustrer ces parcours de vie?
Il y a une retraitée qui était infirmière, une avocate, une secrétaire de direction au parlement européen et une coiffeuse.

Isabelle Pigeron, chercheuse à l’Université de Luxembourg, expliquait récemment que les frontalières ne représentent “que” 37,6 % de l’ensemble des frontaliers français (33 % chez les Belges et Allemands).
La vie de famille repose encore sur elles, le constat est implacable. Comment gérer cette dimension avec de tels problèmes de mobilité? C’était une première approche intéressante. Plus globalement, une approche sur un sujet neuf d’un point de vue artistique, via le regard de femmes : ça me parlait.


La metteuse en scène Sophie Langevin livre avec la pièce de théâtre documentaire Les Frontalières «une approche sur un sujet neuf d’un point de vue artistique, via le regard de femmes».

Lors d’une récente confé rence, l’ASTI rappelait que les frontaliers étaient déjà 50 000 en 1994. Plus de 25 ans après, nous allons découvrir les frontaliers avec plus d’intimité. C’est long, non?
L’ASTI porte cette dimension de vivre-ensemble sous toutes ces dimensions. Elle nous pose la question : comment créer une société riche de toute cette diversité? Cette affirmation-là n’est pas juste un slogan. Cela pose la question de “comment rendre tous les membres de la société visible”. Dont les frontaliers, qui vivent à cheval sur deux territoires, avec plus d’élasticité.

Nous avons quatre comédiennes sur scène mais leurs parcours de vie résument ceux de plus de 40 frontalières rencontrées!

Christophe Sohn, le chercheur qui vous a accompagnée, décrit le frontalier comme celui qui “étire la frontière, la désagrège et en emporte une partie avec lui”. C’est cela que raconte les histoires de vos quatre personnages?
Ces femmes emmènent avec elles la vie qu’elles mènent au Luxembourg.
Ce mouvement est particulier. On pourrait parler d’un phénomène de trajet connu entre une périphérie et un pôle central. Mais la frontière est avec un autre pays, d’autres cultures, d’autres mentalités. Le résident de la banlieue ne change pas de pays tous les jours, lui.

Ne retrouvet-on toutefois pas un effet banlieue? Une coiffeuse qui vient de la banlieue parisienne jusqu’à Paris tous les jours peut avoir un sentiment d’habitante de seconde classe. Est-ce le cas avec le Luxembourg?
On retrouve parfois ce sentiment aussi chez certains frontaliers. Ils viennent de régions plus démunies, avec ce désir de vivre avec les mêmes standings et les mêmes rêves qu’au Luxembourg. La grande maison, le jardin… Tout cela participe à cet imaginaire. C’est parfois un moteur très fort pour certains d’entre eux, ils sont poussés par ce standing, peu importent les sacrifices. On ne peut pas ignorer cet aspect-là.

Les frontaliers souffrent-ils de ce prisme unique de la mobilité? Votre pièce veut monter des histoires humaines, alors que l’on parle d’eux surtout à cause des bouchons sur l’autoroute…
La mobilité a quand même une dimension très forte. L’A31 bis, les problèmes de train… c’est un paramètre clef de la vie des frontaliers, puisqu’il constitue précisément un épuisement. Ça n’empêche pas que d’autres questions se posent comme le rapport au Luxembourg, à la langue luxembourgeoise ou encore au passage physique d’une frontière.

Quand vous parlez d’épuisement, on entend qu’il s’agit de vivre à moitié, entre deux pays. Y a-t-il une perte de sens exprimée?
Oui, le thème de la perte de sens transparaît dans certains témoignages. Nous aurons d’ailleurs une table ronde, le 31 janvier pour la représentation au Théâtre d’Esch, avec une improvisation sur les sujets qui travaillent les frontaliers. On se rend compte qu’il faut en parler avec une certaine délicatesse, il y a vite une sensibilité.

Le phénomène frontalier est un jeu avec trois frontières au Grand-Duché. Est-ce que cela induit des approches différentes?
Oui. Les Allemands n’ont pas le problème de la barrière de langue avec le luxembourgeois, alors que cela est souvent évoqué comme l’un des points de crispation, ou plutôt de frustration, par les autres nationalités. Les frontalières qui travaillent dans le commerce, par exemple, rencontrent beaucoup de difficultés. Les mentalités ne sont par ailleurs pas les mêmes, selon que la frontalière vienne de tel ou tel versant, et la perception des résidents luxembourgeois change aussi. Il n’y a pas un modèle de frontalier, bien entendu. Mais il y a des façons d’appréhender qui constituent parfois des chocs. Les comédiennes ont beaucoup travaillé sur les personnages! Au final, il faut le souligner, cela reste de l’interprétation, nos recherches et, surtout, du théâtre.
Les Frontalières, conception et mise en scène de Sophie Langevin.
Dimanche 31 janvier, au Théâtre d’Esch-sur-Alzette, à 14 h 30 et 17 h.

Transparence dans la gouvernance: le comité interministériel

Le comité interministériel pour l’intégration élargi à la société civile: nous y voilà. Le comité s’est réuni une première fois le 16 décembre 2020 et joue la transparence.

Le compte rendu est publié sur le site du Ministère de la Famille.

2 sujets essentiels y ont été présentés:

  • Le concept du Plan Communal d’Intégration  sera  repensé en profondeur: le Ministère de la Famille propose aux communes pilotes de s‘engager dans un processus pluriannuel et dynamique en 5 étapes permettant ainsi
    d’avoir des résultats rapides, visibles t tangibles.Ce processus met l’accent sur la participation, l’inclusion et la communication.
  • La présentation de l’avant-projet de loi en faveur de l’accueil, de l’orientation, de l’intégration et de l’accompagnement des élèves nouvellement arrivés portant création du Service de l’intégration et de l’accueil(SIA)

 

Langues : bénévoles et apprenants plus forts que le virus

Apprendre une langue seul, le nez dans un bouquin, c’est comme répéter ses gammes sans jamais jouer. Forte de ce constat, l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI), pionnière dans l’apprentissage gratuit des langues au Grand-Duché, a dû changer de braquet avec le virus.
« Dès la première vague, on s’est dit : mais comment va-t-on faire pour les tables de discussion et les cafés des langues?, explique Marc Faber. Tous ces gens qui font tant d’efforts pour apprendre l’une des langues du pays? » Dès fin avril, l’ASTI favorise le virtuel avec une nouvelle formule, auparavant peu utilisée, les binômes «bénévole-apprenant». Succès fou! « D’où une campagne nationale lancée en décembre pour recruter de nouveaux bénévoles », précise Marc Faber. Ces derniers sont 70 pour le moment, toutes langues confondues (français, luxembourgeois, allemand, anglais). Le concept? « On ne remplace pas les cours, il faut déjà avoir un petit niveau, du style A1. Nous proposons des mises en relation ajustées pour accomplir le but de l’apprentissage… parler! »
Marc Faber raconte cette anecdote croustillante, pour rappeler la genèse de l’accent humain mis sur l’apprentissage des langues à l’ASTI. « Il y a une dizaine d’années, l’ASTI dispensait des cours parfaitement académiques. Un jour, les apprenants en luxembourgeois sont venus nous dire : “mais où peut-on pratiquer cette langue régulièrement maintenant?” Entre immigrés ou au travail, ils avaient peu l’occasion de parler en luxembourgeois! De là est née l’idée des premières tables rondes, puis des premiers cafés des langues, où l’accent social et encore plus fort, qui se sont multipliés dans tout le pays. »«Je redécouvre ma propre langue»
En se concentrant sur la formule binôme virtuelle, Covid oblige, l’ASTI renoncerait-elle à la dimension sociale et humaine? Pas vraiment, comme nous l’explique Claude Molitor, retraitée et bénévole en français, installée depuis 40 ans au Luxembourg. « J’ai deux rendez-vous de 45 minutes par semaine avec une dame depuis novembre. C’est quelqu’un de très méritant, qui souhaite parler le français pour des besoins professionnels. Chaque semaine, nous parlons de nos vies, dans les petits moments comme les instants plus marquants. Ce sont des phrases sur les déguisements pour le carnaval des enfants, sur des contacts avec des proches ou la famille, parfois sur des parcours de vie. »


Progresser malgré la pandémie? C’est possible avec les binômes web de l’ASTI!


Français, luxembourgeois, allemand, anglais… le menu est vaste. Encore faut-il des bénévoles, notamment pour le luxembourgeois.

L’aspect technique de la conversation domine. Claude demande d’ailleurs aux apprenants s’ils préfèrent être corrigés à la moindre erreur ou à la fin de l’échange. « Mais l’enrichissement mutuel est là, incontestablement. » Y compris d’un point de vue linguistique! « Je redécouvre ma propre langue maternelle , sourit Claude. La dernière fois, l’apprenante me demandait: pourquoi dit-on “drôle de situation” quand ce n’est pas drôle? Une autre fois, il s’agissait d’expliquer le fait d’être “à côté de la plaque”. J’ai dû faire des recherches, moi-même je ne connaissais pas les racines de cette expression! » Pas simple non plus d’expliquer derrière un ordinateur le fait de «marcher sur la tête»! Le courant finit toujours par passer…
Michele Fanelli, lui, est de l’autre côté du rideau : c’est un apprenant (et donc pas un «élève» donc, puisque ce ne sont pas des cours). Serveur dans un restaurant italien, il est arrivé au Luxembourg en octobre 2019, depuis le Portugal. Son parcours de vie est plein de voyages : « Je suis italien, j’ai travaillé tout un temps en Grèce, puis au Portugal. Ma femme est portugaise. Quand elle a proposé qu’on se rapproche de sa maman au Luxembourg, je me suis dis pourquoi pas, sans trop connaître le pays .» Au départ, Michele maîtrise les mots de français qui lui suffisent pour comprendre les clients. «B onjour, voulez-vous de l’eau? Et avec ça? , récite Michele. Mais c’est lassant de parler comme un robot. »
Avec sa mise au chômage technique, fermeture des restaurants oblige, Michele n’a pas perdu de temps pour meubler son CV. Il parle d’ailleurs déjà un français appréciable! « J’échange via Instagram avec le bénévole. La vidéo passe bien. Je crois qu’elle est avocate, du moins travaille-t-elle dans la justice. Nous parlons de nos repas, de nos pays, de l’Italie, du Luxembourg… Nous parlons de la différence entre les pays. » Il doit aussi affronter quelques situations cocasses avec la langue de Molière. « La chambre est une pièce, c’est ça? », sourit-il. Michele sent qu’il progresse, en même temps qu’il entrevoit un Luxembourg plus large. « Je parle en portugais à la maison avec ma femme, en italien au travail avec mon patron… c’est important de parler français pour moi. »
Les rencontres ouvrent parfois des horizons encore plus lointains. Marc Faber conclut avec cet échange incroyable. « Une demoiselle voulait apprendre l’anglais, je me suis porté bénévole pour les échanges. C’était lors du premier confinement. Je trouvais que la connexion passait mal. J’ai fini par demander d’où elle se connectait… le Brésil! C’est un papy brésilien du quartier de l’ASTI qui avait vu la pub chez nous et qui s’était dittiens, je vais en parler à ma petite-fille, si elle veut progresser en anglais. Petite fille géolocalisée au Brésil, donc! » Ou comment faire de l’international en partant du local.

Frontex: abus et dérives !

Vorwürfe gegen EU-Grenzschutzagentur: Langsam wird es unbequem

Das Europäische Amt für Betrugsbekämpfung (Olaf) ermittelt gegen Frontex und soll sogar Büros der Geschäftsführung durchsucht haben. Auch Menschenrechtsverletzungen werden dem EU-Grenzschutz vorgeworfen. Bis kommenden Freitag muss die Agentur zudem Fragen des 
EU-Ombudsmans beantworten.

Besuch bei den Truppen: EU-Grenz-
schutzagenturdirektor Fabrice Leggeri (vierter von links) im August 2018 auf einem Frontex-Schiff im Hafen von Algeciras, Spanien. (Foto: EPA-EFE/A. Carrasco Ragel)

Die EU-Grenzschutzagentur Frontex kommt aus den negativen Schlagzeilen nicht heraus. Am Montag berichtete das Nachrichtenportal „EUobserver“ darüber, wie die Behörde sich alljährlich mit einem großen Event selbst gefeiert und dafür zwischen 2015 und 2019 schlappe 2,1 Millionen Euro ausgegeben hat. Die rauschenden Feste waren aber offenbar nicht der Grund, weshalb nun das Europäische Amt für Betrugsbekämpfung (Olaf) Ermittlungen gegen Frontex aufgenommen hat.

Bereits am 7. Dezember 2020 sollen Beamte des Olaf die Büros des Frontex-Geschäftsführers Fabrice Leggeri und seines Kabinettchefs Thibauld de La Haye Jousselin durchsucht haben. Die Aktion stehe im Zusammenhang mit Vorwürfen gegenüber Frontex, über illegale Zurückweisungen von Asylsuchenden entlang der EU-Außengrenze informiert oder gar daran beteiligt gewesen zu sein, berichtete die griechische Zeitung „ekathimerini“ vergangene Woche. Gegenüber verschiedenen Medien bestätigte der Olaf die Ermittlungen, schwieg sich über die Gründe dafür jedoch aus.

Der Druck auf Leggeri steigt. Bei einer Debatte des Europaparlaments zur humanitären Situation an den EU-Außengrenzen am vergangenen Dienstag wurden der nicht anwesende Frontex-Direktor und seine Organisation mehrmals scharf kritisiert. „Die EU ist manchmal selbst ein Teil des Problems“, sagte der luxemburgische DP-Abgeordnete Charles Goerens und betonte: „Frontex hat die Pflicht, das humanitäre Recht zu respektieren.“ Andere wurden noch deutlicher. Für Leggeri dürfe es eigentlich nur zwei Alternativen geben: „Entweder er tritt zurück oder wir werfen ihn raus!“, forderte die spanische Abgeordnete Sira Rego von der Fraktion Vereinte Europäische Linke/Nordische Grüne Linke (GUE/NGL).

Mit dieser Haltung ist Rego längst nicht mehr allein. Spätestens seit Leggeri am 1. Dezember, knapp eine Woche vor der mutmaßlichen Durchsuchung seines Büros, im Europaparlament Rede und Antwort stehen musste, haben viele Abgeordnete von seinen Manövern genug. Abermals hatte der Beamte sich darauf versteift, für eine Beteiligung von Frontex an den sogenannten Pushbacks gebe es keine Beweise. Die Fraktion der Sozialdemokraten forderte ihn darauf noch am selben Tag zum Rücktritt auf; man habe jedes Vertrauen in Leggeri verloren.

Anschuldigungen, bei Pushbacks mitzumischen, werden seit vielen Jahren immer wieder gegen Frontex laut. Vergangenen Oktober jedoch präsentierte ein journalistisches Netzwerk um das deutsche Nachrichtenmagazin „Spiegel“ und die Online-Plattform „Bellingcat“ eine Recherche mit vielen Belegen, die den Druck auf die EU-Grenzschutzagentur erhöhte (die woxx hatte darüber in der Ausgabe 1607 berichtet). So sollen beispielsweise im April 2020 knapp zwei Dutzend Flüchtlinge, die bereits die griechische Insel Samos erreicht hatten, von der dortigen Küstenwache wieder auf einem Gummifloß ausgesetzt und in Richtung der türkischen Küste abgedrängt worden sein. Ein Frontex-Flugzeug habe all dies überwacht. Auch an der ungarischen Grenze zu Serbien sollen Beamte der EU-Agentur angesichts von Menschenrechtsverletzungen und Tausenden von Pushbacks systematisch „die Augen verschließen“, so das ungarische Helsinki-Komitee, eine NGO mit Sitz in Budapest, Anfang Januar auf detaillierte Dokumente gestützt.

Auf Berichte wie diese hin hatte der Ombudsman der Europäischen Union, Emily O‘Reilly, im November eine offizielle Untersuchung gegen Frontex eingeleitet; der Olaf zog offenbar nach. Ermittelt wird von der Betrugsbekämpfungsbehörde nicht allein wegen der Pushbacks, wie das Nachrichtenportal „politico“ von vier nicht namentlich genannten Beamten aus der Frontex-Zentrale in Warschau erfahren haben will. Angeblich stehen auch Vorwürfe wegen Belästigung und Fehlverhalten am Arbeitsplatz im Raum. Mehrere Beamte hätten die EU-Agentur aus diesem Grund in den vergangenen Monaten verlassen.

Bild: EU 2015/ EC – Audiovisual Service / Angelos Tzortzinis

„Aktiv widersetzt“

Frontex-Chef Leggeri bestreitet nach wie vor jede Beteiligung seiner Behörde an den illegalen Zurückweisungen. Dennoch sah er sich vergangenen Herbst auf Druck der zuständigen EU-Kommissarin Ylva Johansson genötigt, einer internen Untersuchung zuzustimmen. Man wolle die Vorwürfe genau prüfen, so Leggeri im November, begleitet von einem Versprechen: „Ich bin entschlossen, das Büro des Grundrechtsbeauftragten zu stärken und dessen Budget schrittweise zu erhöhen.“

Nach Informationen von „ekathimerini“ hat der ranghöchste Frontex-Beamte in der Vergangenheit jedoch exakt das Gegenteil getan. Laut einer Person, die mit den internen Vorgängen in der Behörde vertraut sei, habe sich Leggeri der vorgesehenen Neueinstellung von 40 Mitarbeiter*innen für das genannte Büro „aktiv widersetzt“, zitiert das Blatt aus einem Dokument. Noch 2020 habe er auf entsprechende Nachfragen aus seinem Team geantwortet, deren Rekrutierung habe „keine Priorität“. Den an Einsätzen vor Ort beteiligten Kräften habe er zu verstehen gegeben, dass „die Meldung von Pushbacks, an denen Frontex-Personal beteiligt ist, weder für Beliebtheit noch für Beförderung“ innerhalb der Agentur hilfreich sei. Das passt ins Bild, denn auch der „Spiegel“ hatte im Oktober vom Korpsgeist innerhalb der Grenzschutztruppe berichtet: Nationale Sicherheitskräfte für beobachtete Rechtsverstöße zu melden, sei unter den Frontex-Beamten „verpönt“.

Angesichts all dessen wurde am Dienstag im Plenum erneut die Einrichtung einer parlamentarischen Untersuchungskommission gefordert. Der deutsche Abgeordnete Erik Marquardt von der Fraktion der Grünen hält eine solche für wichtiger als die auf Leggeri fokussierte Personaldiskussion. „Es ist es ja nicht primär die Verfehlung einer einzelnen Person, die wir beobachten, sondern es handelt sich um ein systematisches Problem“, sagte Marquardt gegenüber der woxx: „Frontex agiert nicht losgelöst von der Politik, sondern setzt im Grunde einen politischen Willen an den EU-Außengrenzen um, den viele Mitgliedsstaaten auch recht offen artikulieren.“ Zögerlichkeit, wie sie beispielsweise innerhalb der sozialdemokratischen Fraktion (S&D) hinsichtlich der Bildung eines Untersuchungsausschusses besteht, versteht er daher nicht. Er hofft jedoch, dass viele der Abgeordneten rasch überzeugt werden können.

„Außer Kontrolle“

Seine holländische Fraktionskollegin Tineke Strik ist skeptischer. „Ich glaube nicht, dass so etwas schnell zustande kommt“, sagte sie dem „EUObserver“ mit Blick auf das geforderte Gremium. Diskussionen werde es nicht zuletzt darüber geben, wie umfassend das Mandat eines solchen Ausschusses gestaltet ist, ob dieser sich also nur auf Frontex fokussiert oder auch das Handeln der Europäischen Kommission sowie der Mitgliedsstaaten miteinbezieht. Mindestens ein Viertel der Abgeordneten muss für die Bildung des Ausschusses votieren.

Die spanische Abgeordnete Sira Rego wiederholte am Dienstag den von verschiedener Seite gemachten Vorwurf, Frontex sei als EU-Agentur „außer Kontrolle“ geraten. Für Erik Marquardt stellt sich mit dem geforderten Ausschuss daher letztlich die Frage, wie ernst das Parlament sich selber nimmt: „Es geht darum, dass man die Ermittlungen nicht einfach nur anderen überlässt, also etwa dem Olaf und dem Ombudsman.“ Immerhin seien dank der Olaf-Untersuchung nun vielleicht Abgeordnete zu erreichen, „die die Kritik an Frontex bislang als Menschenrechtsoptimismus oder so etwas abgetan haben“. Letztlich sei jedoch auch der Olaf darauf angewiesen, „dass es politische Entscheidungsträger gibt, die aus den Ermittlungsergebnissen dann auch die entsprechenden Konsequenzen ziehen“.

Von den genannten Institutionen abgesehen, liegt das Augenmerk bislang auf der Frontex-internen Untersuchung. Ende November wurde vom Verwaltungsrat der Agentur eine Arbeitsgruppe eingesetzt, die eine etwaige Beteilung von Frontex-Beamten an Pushbacks und anderen Grundrechtsverstößen untersuchen soll. Die Übergabe eines ersten Berichts hierzu an den Verwaltungsrat war für dessen Sitzung an diesem Donnerstag geplant, dem Redaktionsschluss dieser Zeitung. Im Frontex-Verwaltungsrat sitzen neben zwei Vertreter*innen der EU-Kommission auch Repräsentant*innen der Grenzschutzbehörden aller Mitgliedsstaaten. Für Luxemburg übernimmt der Leiter der Flughafenpolizei, Christian Steichen, dieses Amt.

Eine von Ombudsman Emily O’Reilly im November an Frontex übergebene Liste von Fragen muss die EU-Agentur bis Freitag kommender Woche (29. Januar) beantworten, wie die Pressestelle der EU-Bürger*innenbeauftragten auf Anfrage der woxx zum Stand der Untersuchung mitteilte: „Der Ombudsman wird die Antworten dann analysieren, bevor über die nächsten Schritte entschieden wird.“ Der Fragekatalog richte sich unter anderem auf den Beschwerdemechanismus für Flüchtlinge und Migrant*innen gegenüber Frontex sowie auf die Rolle des Menschenrechtsbeauftragten der Organisation. Die eigene Arbeit sehe man von den nun aufgenommenen Ermittlungen des Olaf nicht tangiert.

Die kostspieligen Jahresfeiern, so ließ Frontex übrigens verlauten, seien für die Zukunft nicht mehr vorgesehen.

Quant aux foyers pour dpi

Dans une question parlementaire des députés du CSV s’enquièrent des foyers pour dpi: encadrement, peuplement, autonomie, etc

La réponse de 3 (!) Ministres est loin d’être exhaustive.

C’est ainsi que l’on apprend rien quant à l’encadrement social des foyers : par expérience on sait que  dans les foyers gérés par Caritas et Croix Rouge il y a des travailleurs sociaux sur place ,. alors qu’il n’en est pas ainsi dans tous les foyers gérés directement par le gouvernement à travers l’ONA. Dans ces foyers un agent passe une ou 2 fois par semaine.

La Question et les réponses 3314